jeudi 22 août 2013

Je ne voulais

Comment fuir Dieu peut vous conduire sur un chemin imprévu.

Publié le : 24 février 2013 à 18h08

Comment fuir Dieu peut vous conduire sur un chemin imprévu.

de Joseph Bentz

Sara Miles ne voulait pas devenir chrétienne. Anne Lamott ne voulait pas devenir chrétienne. C. S. Lewis ne voulait pas devenir chrétien. R. A. Torrey, Ziya Miral, Lin Yutang, Jim Vaus et une dizaine d’autres personnes que je pourrais nommer ne voulaient pas se convertir non plus.
Comment des gens peuvent-ils trouver Dieu quand ils le fuient à toutes jambes? Notre marche spirituelle nous tourmente parfois; nous savons qu’il est assez difficile de trouver Dieu quand nous le cherchons de toutes nos forces par la prière, la lecture de l’Écriture, l’écoute de sermons et la recherche de conseils auprès d’amis chrétiens et de pasteurs. Quel espoir ont donc ceux qui ne veulent rien avoir avec Dieu? Et qu’en est-il de ceux qui lui sont activement hostiles, qui nient son existence ou qui détestent tellement le christianisme et les chrétiens qu’ils sont horrifiés à l’idée de s’associer à eux?
En préparant la rédaction d’un livre sur les points de bascule entre le doute et la foi, j’ai examiné des dizaines d’histoires de conversion et interviewé bon nombre de personnes sur la manière dont elles en sont venues à croire à Christ. Certaines des histoires les plus étonnantes – et des plus inspirantes – étaient celles de convertis qui, en plus de trouver Dieu, ont ressenti qu’il les cherchait.
Sara Miles n’aimait pas beaucoup les chrétiens. Elle se décrit comme « une intellectuelle profane libérale, lesbienne et journaliste assez sceptique ». Même si ses grands-parents étaient des missionnaires chrétiens, sa mère et son père ont rejeté ce qu’ils considéraient comme « tout le concept incroyable et illogique » de Dieu, et ont élevé leur fille dans un foyer athée. Elle avait en aversion la plupart des choses associées au christianisme. Qu’est-ce que cette religion pouvait lui offrir? Pourquoi considérerait-elle bouleverser sa vie et faire face à la dérision de sa famille et de tout son cercle social pour croire en Dieu?
Anne Lamott ne semblait pas non plus une candidate potentielle pour le christianisme. Comme Sara Miles, elle a grandi dans un foyer athée où la foi en Dieu était accueillie avec mépris. À l’âge adulte, Anne a réussi comme romancière; elle était, par ailleurs, aux prises avec une dépendance à la drogue, l’alcoolisme, la boulimie et des relations amoureuses malheureuses. Ses amis, des gens « irrésistiblement brillants et progressistes », ne pouvaient pas comprendre que quelqu’un de leur cercle se convertisse au christianisme.
Jésus s’est révélé et a tout transformé
Ces deux femmes sont devenues chrétiennes, sans même chercher Dieu. Comme bien d’autres, elles décrivent plutôt comment Dieu les a cherchées et à quel point sa présence n’était pas toujours bien accueillie. Comme l’a raconté C. S. Lewis, un autre converti réticent : « Des agnostiques aimables parleront joyeusement de “la quête de l’homme pour trouver Dieu”. En ce qui me concerne, à l’époque, ils auraient bien pu parler de la quête d’une souris pour trouver le chat. »
Quand Anne Lamott a ressenti la présence de Jésus dans sa chambre, elle se trouvait dans des circonstances nettement irréligieuses. Avant ce soir-là, elle avait atteint le fond concernant sa consommation d’alcool et de drogue. Elle croyait qu’elle allait bientôt mourir, mais, « de nulle part », l’idée lui est venue de parler à un prêtre d’une Église épiscopale du voisinage dont quelques amis de la famille lui avaient parlé. Ses discussions avec le prêtre l’ont poussée à croire davantage. Peu de temps après, elle a commencé à fréquenter l’Église presbytérienne St. Andrew parce qu’elle aimait la musique qu’elle avait entendue en marchant près de là le dimanche matin. Elle y restait seulement pour la musique et partait avant le sermon.
À peu près à cette même époque, elle est devenue enceinte et s’est faite avorter; c’est alors que Jésus s’est montré. Affaiblie par des saignements et « ébranlée, triste et trop effrayée pour prendre un autre verre ou un somnifère », elle s’est étendue sur son lit et a ressenti la présence de quelqu’un dans sa chambre. « L’impression était si forte que j’ai allumé la lumière pendant un instant pour m’assurer que personne n’y était – bien sûr, il n’y avait personne. Mais après un moment, dans l’obscurité, je savais sans le moindre doute que c’était Jésus. Je l’ai senti avec autant de certitude que je sens mon chien couché près de moi alors que j’écris ces lignes. » Même ce soir-là, elle ne l’a pas invité. Elle était « consternée », inquiète de ce que ses amis penseraient si elle devenait chrétienne. La conversion semblait « une chose absolument impossible que je ne pouvais pas laisser arriver. Je me suis tournée vers le mur et j’ai crié : « Je préférerais mourir. » Toute la nuit, elle a ressenti la présence de Jésus qui la regardait avec patience et amour, mais elle ne l’a pas invité dans sa vie avant la semaine suivante, seule dans sa péniche.
Sara Miles a également été transformée par une rencontre imprévue avec Jésus. Un jour, elle est entrée par curiosité dans l’Église épiscopale St. Gregory, à San Francisco. « Je n’avais aucune bonne raison d’être là. Je n’avais jamais entendu une lecture de l’Évangile ni récité le Notre Père. Je n’étais certainement pas intéressée à devenir chrétienne ou, comme je le pensais plutôt moins poliment, une cinglée religieuse. » Elle a regardé autour d’elle, admiré la beauté de l’intérieur de l’église et s’est assise, espérant que personne ne la remarque. Se sentant un peu ridicule, elle a chanté avec toute l’assistance, puis une femme a annoncé : « Jésus invite tout le monde à sa table. »
Sara s’est avancée jusqu’à la table. Après d’autres chants, quelqu’un a mis un « morceau de pain fraîchement émietté dans mes mains en disant “le corps de Christ”, et il m’a tendu un gobelet de vin sucré en disant “le sang de Christ”. Puis, quelque chose d’atroce et de terrifiant est arrivé. Jésus est venu en moi. »
C’est à ce moment que Sara s’est convertie, mais cela l’a tellement désorientée qu’elle a immédiatement cherché d’autres explications à cet événement. Le mot « Jésus » occupait ses pensées, et elle le répétait sans cesse sans savoir pourquoi. « Mais ce que je venais de vivre était plus réel que toutes mes pensées ou même que toutes émotions subjectives : c’était aussi réel que le goût du pain et du vin. Et le mot était incontestablement dans mon corps, comme si j’avais avalé une boulette radioactive qui me survivrait. »
Qu’en est-il de toutes ces questions sans réponses?
L’ensemble du processus par lequel les non-croyants réticents trouvent Dieu – ou qu’il les trouve – ne ressemble en rien à ce que j’avais imaginé. Ces sceptiques sont fortement opposés au christianisme. Je m’attendais à ce qu’avant de venir à Christ, ils cherchent une occasion de présenter leurs doutes et leurs objections pour recevoir de solides réponses. Je pensais qu’ils pourraient donner leur vie à Jésus-Christ seulement si chaque point controversé inscrit sur leur liste était coché et qu’on y avait répondu adéquatement.
Leur conversion se passe rarement ainsi.
Jésus trouve les gens à mi-chemin. Parfois, il apparaît au moment où ils s’y attendent le moins et le veulent le moins. Certains de leurs doutes à son sujet peuvent s’être dissipés, mais d’autres demeurent, et beaucoup d’autres ne leur sont pas encore venus à l’esprit. Mais Jésus est là; sa présence, remplie d’amour et de patience, est invitante. Les gens acceptent ou refusent son invitation. Les croyants n’ont pas reçu toutes les réponses à leurs questions à propos de Jésus, mais ils l’ont rencontré.
Dieu nous cherche
Si Dieu nous cherche et qu’il a trouvé Sara, Anne et une multitude d’autres convertis réticents – des gens qui avaient des raisons culturelles, sociales, politiques, morales et criminelles de l’éviter –, alors qui peut être hors de sa portée? Qui peut donc conclure que cettepersonne est trop loin de Dieu pour un jour le trouver? Trop hostile envers lui? Trop vulgaire? Trop sarcastique et méprisante? Trop mauvaise?
La question, à savoir qui est trop loin de Dieu pour que Dieu le touche, est une question que des gens posent depuis des siècles. Quand les pharisiens et les docteurs de la loi se plaignaient du fait que Jésus passait trop de temps avec les « publicains et les pécheurs » – des gens qu’on considérait comme « irrécupérables » –, il a répondu par des paraboles où Dieu est celui qui cherche : l’histoire de la brebis égarée et celle de la drachme égarée. Dans la première histoire, un berger qui possède cent brebis en perd une. Il en laisse 99 pour chercher celle qui est égarée, puis quand il la trouve, il appelle ses amis et ses voisins pour qu’ils se réjouissent avec lui. Dans l’autre histoire, une femme a dix drachmes et en perd une. Elle la cherche partout jusqu’à ce qu’elle la trouve, puis célèbre avec ses amis et ses voisins.
Vous pourriez penser que, pour Dieu, posséder 99 brebis sur 100 serait suffisant et que, pour la femme, neuf drachmes sur dix serait plus que satisfaisant. Qu’est-ce qu’une brebis ou une pièce de monnaie de plus ou de moins lorsque vous en avez tant? Beaucoup d’hommes et de femmes cherchent Dieu volontairement, pour ensuite lui consacrer toute leur vie. Pourquoi alors Dieu se donnerait-il tant de mal à chercher des gens comme Anne Lamott, Sara Miles, moi ou vous? Cependant, j’aime l’Esprit de Dieu qui me cherche et que je ressens profondément en moi. Je remercie Dieu parce que je sais que je suis la pièce de monnaie perdue qu’il chercherait partout dans la maison. Je suis reconnaissant parce que trouver Dieu ne dépend pas de mes seuls efforts. Même si je suis hostile, désillusionné, rempli de péché et indifférent, il me veut toujours.
Étant un chrétien de longue date, je ressens toujours que Dieu me cherche avec amour. Parfois, mon propre scepticisme explose, je suis furieux contre l’Église, ennuyé, embourbé dans des problèmes, je me sens ni apprécié ni compris. Je suis tenté d’abandonner, mais quelque chose de plus profond que tous ces problèmes – le Saint-Esprit qui me cherche, m’aime et me soutient – nous garde, moi et mes amis croyants, unis à lui et à l’Église par un lien solide. Peu importe l’ampleur de mon découragement, l’amour profond de Dieu et son but me soutiennent. Comme Eugene Peterson paraphrase un verset du Psaume 23 : « Ta beauté et ton amour me poursuivent chaque jour de ma vie. Je suis de retour dans la maison de Dieu pour le reste de mes jours. »

 

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